Avec ce dispositif sonore, Adrien Degioanni s’emploie à révéler ce qui reste d’une réalité perceptible une fois les sens apaisés, confrontés aux bruissements les plus discrets du temps. À la manière d’un géologue des sons, il creuse le silence et sa synthèse dans ce qu’il a de plus dense et d’immédiat.

 

Les Traces du Réel convie à une expérience où le silence, travaillé comme une matière brute, révèle la parole enfouie des lieux. Ici, les vitrines d’un musée déserté de ses voix et de ses corps deviennent caisses de résonances pour des sons fantomatiques, une galerie d’échos amplifiés et distordus qui donnent à entendre ce qui, d’ordinaire, échappe à l’oreille humaine.

 

L’artiste a extrait de ces enregistrements les « couches » de silence qui, amplifiées et réfractées, se révèlent comme des traces palpables du temps. Le dispositif sonore, à la fois intrusif et révélateur, met en vibration les matériau du lieu – bois, verre, fer – pour en faire jaillir un portrait sonore unique.

 

Chaque fréquence libérée, chaque distorsion travaillée viennent toucher l’espace lui-même, ouvert à des résonances qui se chevauchent et se contredisent parfois, tel un palimpseste acoustique. Le passé et le présent s’y entremêlent, le spectateur y perçoit les frictions subtiles entre ce qui persiste et ce qui disparaît, entre ce qui a été et ce qui résonne encore comme des traces d’un réel.

2024